mardi 6 août 2013

La réception du F-BPPA

Mai 1973

Maurice de Charnacé, le directeur de production d'Airbus, va devoir travailler d'arrache pied avec ASI pour organiser la réception du deuxième Guppy commandé par Airbus. Toujours à Santa-Barbara, l'appareil est déjà construit, mais doit être mis au même standard que l'avion n°1, ce qui nécessite quelques modifications.

Le N212AS, encore aux Etats-Unis avant de devenir le F-BPPA

mercredi 31 juillet 2013

Les origines du F-BPPA

Je vous propose dans cet article de plonger au cœur des tractations entre les partenaires d'Airbus pour mieux comprendre comment la décision d'acheter le Super-Guppy numéro 2, le F-BPPA s'est imposée au Gie (Groupement d’intérêt économique).

Le F-BPPA en vol


Après la mise en service du Super-Guppy n°1, le F-BTGV, en 1972, Airbus n'envisage pas d'acheter d'autre appareil. Il existe alors aux Etats-Unis deux Guppy : le Super Guppy modèle NASA (N1038V) et un nouveau Super-Guppy Turbine alors en construction (N212AS) identique au Golf Victor.

lundi 13 mai 2013

Peinture...et tapis volant

Grosse activité sur le Super-Guppy n°2, le F-BPPA la semaine dernière : au programme la suite de la peinture. Après une première séance consacrée au bleu, c'était au tour du fuselage d'être repeint en gris.

Le gris est de nouveau brillant !

Le F-BPPA, amarré à côté de la Caravelle des Ailes Anciennes Toulouse depuis sa sortie de l'atelier peinture le 2 mars, est entré au hangar L35 le 3 mai dans l'après-midi. Cette deuxième séance avait pour but de peindre l'intégralité du fuselage en gris après décapage.

Je tente (vainement) de partir tout seul avec le Super-Guppy...
L'ensemble de l'opération a pris un peu moins de quatre jours, et à mobilisé toute une équipe de la société STTS, spécialisé dans la peinture des aéronefs, même si ils n'ont pas vraiment l'habitude de voir un appareil de cette taille !

Le fuselage à d'abord été décapé, avant d'appliquer deux couches de peinture : un primer de protection, une couche de gris, sur laquelle on ajoute ensuite une couche de vernis qui permet de protéger l'ensemble.

A noter que le Guppy n'a jamais été peint durant sa vie (hormis les bandes de couleur Airbus Skylink). Le fuselage restait en aluminium naturel, qui devait être poli à peu près une fois par an pour garder son aspect argenté.

L'accès à l'appareil est facilité par des nacelles mobiles fixées au plafond, surnommées "tapis volant"

Il fallait venir rechercher l'engin le 7 au soir, l'occasion de prendre de nombreuses photos de notre Guppy étincelant. Nous sommes arrivés avec une équipe d'une douzaine de personne sur place au L35 vers 18h30. Après quelques photos, il fallait venir tracter le Guppy hors du hangar. Pour cela, l'équipe des Ailes Anciennes dispose d'un monstre : un tracteur de piste Deutz. Équipé d'un monstrueux V12, et sans aucune suspension, cet appareil a tracté A300, Concorde et Guppy sans faiblir depuis de nombreuses années...

Le Guppy, vu depuis le haut du hangar...un point de vue inhabituel !

Juste avant de sortir l'appareil du hangar, nous avons eu une opportunité unique : celle de monter à bord d'un "tapis volant" (une nacelle du hangar) pour une séance photo de notre Guppy. Une fois grimpé dans la nacelle, nous voilà parti pour un voyage à 40 mètres d'altitude, en nous déplaçant d'avant en arrière tout autour de la bête, l'occasion de capturer des détails avec un point de vue inédit, ce dont j'ai bien profité !

Vue du "toit" du Guppy, avec le feu de signalisation et l'antenne VHF, à peine visible du sol en temps normal
détails de la charnière de liaison à la Sta 300
Ma favorite : une vue du nez sous un angle totalement inédit !

Après ce grand tour, il était temps de partir. Une fois le collier de remorquage en place, avec la barre bien arrimée au "Deutz", et après avoir chargé le circuit hydraulique de freinage du Guppy grâce à la pompe à main et à l'accumulateur d'urgence pour lui permettre de freiner si besoin, nous étions prêts au départ ! Un dernier contact radio avec la tour pour vérifier que le taxiway était dégagé, et l'ordre est donné : sortez l'appareil ! 

Paré à tracter !


Le Guppy est donc sorti en marche arrière du hangar, avant d'être remis dans le sens de la marche pour remonter le long des taxiway à petite vitesse, histoire de ne pas forcer sur l'appareil.

Petite pause sur la route...je pose fièrement devant le F-BPPA !


Nous avons profité du virage suivant pour prendre quelques photos du Guppy devant sa prochaine maison : le musée Aéroscopia, qui commence à bien prendre forme. La structure est complète, et commence à se couvrir...le Guppy devrait y entrer au cours de l'été

Le Guppy passe devant sa futur maison : le musée Aéroscopia
Après ce virage devant Aéroscopia, le Guppy remonte le long de l'usine d'assemblage A380, toujours à petite vitesse, pour aller sur l'une des aires de parking située côté nord-ouest du complexe.

Passage le long de l'usine d'assemblage A380

Après un dernier virage, le "Deutz" aligne le F-BPPA sur une aire d'essai d'ordinaire réservée aux A380, c'est ici que le Guppy va passer quelques jours en attendant de repartir au L35 pour la suite ! Au programme : peinture des ailes et des bandes de couleurs !

Nouveau parking temporaire sur la FAL Jean Luc Lagardère


Bref, une soirée bien remplie !

En bonus, un petit montage vidéo :


lundi 6 mai 2013

Béluga XL

La rumeur se fait de plus précise depuis le début de l'année 2013 : Airbus cherche un successeur au Béluga !

5 avions...sur lesquels repose toute la production d'Airbus !


C'est un fait : le F-GSTA, premier Béluga, à déjà 20 ans, et commence à vieillir. De plus, lui et ses quatre petits frères volent plus que prévu : Conçu pour voler 2500 heures par an, ce chiffre à été porté à 5000 cette année…et pourrait monter à 10 000 heures par an d'ici 2017 ! Entre l'A320, l'A330, l'A400M..et surtout l'A350 qui se dessine à l'horizon, les cinq appareils ne vont pas chômer. N'oublions pas que l'A300 n'est plus fabriqué, et que le problème de l'obsolescence des pièces d'A300 va rapidement devenir un problème dans les 10 ans à venir.

Actuellement, les 5 béluga font 60 vols par semaine (sur 5 jours, 6 exceptionnellement)…et Airbus planche sur 120 vols par semaine de 6 jours à l'avenir…le tout avec une date de retrait de service estimée à 2025. Trouver un remplaçant avant, à même d'être opérationnel vers 2020 serait la solution la plus sûr pour parer à toute éventualité (fatigue de la structure…ou accident).

Une aile d'A350 arrivée à bon port...actuellement le Béluga ne peut en transporter qu'une seule à la fois.(Airbus)


Le remplacement des Béluga (modèle A300B4-608ST) est régulièrement évoqué depuis plusieurs années, mais rien n'avait encore été évoqué. Les choses se sont précisés le 31 janvier dernier, ou le patron d'Airbus, Fabrice Brégier, a évoqué lors d'un entretien la volonté d'Airbus de trouver un remplaçant au Béluga, en favorisant une solution "maison", c'est-à-dire basé sur un appareil existant de la gamme. Le PDG d'Airbus à également évoqué le cas de la nouvelle ligne d'assemblage du groupe aux Etats-Unis qui est en train de voir le jour pour expliquer l'importance d'un nouvel appareil.

Airbus possède donc l'embarras du choix pour un nouvel avion : A330, A340, A350 ou A380. En réalité, l'A350 est trop nouveau et pas encore maîtrisé pour se prêter à une conversion, et l'A380 est exclus car son pont intermédiaire est structurellement indispensable à la solidité de l'appareil. Reste donc le 340 et le 330. Si l'on prend en compte que le 340 est plutôt en fin de vie, il est plus intéressant de partir sur le 330, bien maîtrisé, mais qui dispose encore de beaux jours devant lui ! Il reste donc deux plateformes : l'A330-200 et l'A330-300. Airbus semble se diriger vers le -200 pour la conversion en Béluga.

vue d'artiste de l'A330-200 BXL (Airbus)


Cette nouvelle version devrait s'appeler l'A330-200 Beluga XL ou A330-BXL. Le choix du -200 au profit du -300 pourtant plus gros est en fait une contrainte aéroportuaire : le -300 ne pourrait pas se poser sur certains sites ayant des pistes trop courtes.

Côté technique : peu de changements par rapport à la configuration du Béluga actuel : abaissement du cockpit, présence d'une double dérive de stabilisation à l'arrière, ouverture du nez vers le haut. Les ailes et le  bas du fuselage de l'A330 ne sont pas modifiés. Ce nouveau béluga serait en revanche plus large et plus long que son prédecesseur (on parle de 8 mètres de diamètre au lieu de 7,6, et une longueur de 4,8 mètres de plus par rapport à l'A300-600 ST). Sa charge utile serait à peu près la même, mais son rayon d'action plus grand.

vue d'artiste de l'A330-200 BXL (Airbus)


Le calendrier préliminaire pourrait être le suivant : le lancement du programme interviendrait avant la fin de l'année 2014, avec un début d'assemblage en 2017, un premier vol en 2019 pour une mise en service en 2020. Le nombre d'appareils envisagés n'a pas encore été précisé, mais pourrait être de six appareils (hypothèse personnelle).

Que de chemin parcouru depuis les premiers balbutiements du "Pregnant Guppy"…et la route n'est pas terminée !

lundi 15 avril 2013

Le Bourget - Roissy...en Guppy

Une petite histoire intéressante sur le Guppy que j'avais envie de vous partager : la réponse à la question "quel a été le premier appareil à se poser sur l'aéroport de Roissy", la réponse est...le Super-Guppy, et même le F-BTGV pour être précis ! Petit retour en arrière

Le général de Gaulle lance en 1964 un grand projet sur huit ans pour réaliser un nouvel aéroport parisien. L'équation est simple : le Bourget est le premier aéroport parisien, mais il devient beaucoup trop petit, et se trouve enclavé ce qui empêche toute extension. Orly peut s'étendre vers l'Ouest, mais pas tant que cela…pour accueillir les millions de voyageurs prévus au cours des années 70, il faut un nouvel aéroport.

Le Terminal 1 de Roissy en grand chantier


Ce nouvel aéroport de Paris-Nord, plus tard rebaptisé Roissy en France, et enfin Roissy - Charles de Gaulle à la mort du général, se présente dans un premier temps avec un unique terminal en forme de camembert et une unique piste.

Les travaux débutent en 1968. En 1970, les services administratifs du Bourget commencent à déménager vers les nouveaux locaux. C'est aussi un grand déménagement pour les compagnies aériennes. C'est notamment le cas de l'UTA, qui possède ses services d'entretien et de formation au Bourget. Si les départements d'entretien restent au Bourget, dès 1971 les services administratifs commencent à déménager.

A la fin de l'année 1971, UTA commence le déménagement de son service de formation, et se retrouve face à une question : comment déménager ses simulateurs de vol ? Le trajet n'est pas particulièrement long, mais la taille des simulateurs demande un convoi exceptionnel, sans parler de la fragilité de l'ensemble.

Le F-BTGV, nouvellement mis en service au sein de l'aéromaritime

Plutôt que de former un convoi exceptionnel avec escorte et tout, UTA va faire appel à ses propres moyens de transport…en utilisant l'un de ses derniers appareils : le Super-Guppy. Il s'agit du numéro 1, le F-BTGV, qui est basé au Bourget à cette époque. Il est arrivé des Etats-Unis à peine un an plus tôt et est ens ervice commercial depuis moins d'un an !

C'est ainsi que le Guppy va se retrouver mobiliser pour un vol d'à peine 10 minutes…allant du Bourget à Roissy. C'est ainsi que dans les premiers jours d'octobre 1972, le F-BTGV va se poser à Roissy, et inaugure la nouvelle piste qui est encore en construction. Il amène un simulateur de vol de DC-10-30, avion largement utilisé par l'UTA et l'Aéromaritime à cet époque.

Le F-BTGV apporte le simulateur du DC-10-30 de l'UTA

mardi 12 mars 2013

Peinture et éboulement de documentation


Petite visite de courtoisie au F-BPPA le weekend dernier, qui est actuellement garé/coincé en zone Airbus sur le site de la FAL (Final Assembly Line, ligne d'assemblage finale) de l'A380 (aussi dit FAL Jean-Luc Lagardère).

Le F-BPPA prenant le soleil


Les visites ne sont pas simples : il faut d'abord être déclaré à la sécurité du site, montrer patte blanche et ensuite se faire escorter. On ne peut en effet pas circuler librement sur le site, il faut obligatoirement être escorté (imaginez que l'envie me prenne soudainement d'aller voir de plus près comment on construit un A380 et que j'abîme quelques chose…)

Le F-BPPA connait une vie très active ces derniers temps. Il y a quinze jours, il a fait un petit voyage de son emplacement actuel vers un hangar de peinture de la société STTS, pour repeindre la bande bleue ainsi que les marquages "Airbus Skylink" et le numéro 2, suivant le plan de peinture "arc en ciel" d'Airbus. D'autres voyages sont prévus pour continuer ce travail.

Guppy sous cocon (photo Ailes Anciennes Toulouse)

Le but de la visite de ce we était de retrouver de la documentation concernant l'ouverture de l'appareil en vue de la préparation de son installation au musée, et là première découverte : suite aux voyages récents du Guppy, l'armoire sur laquelle j'avais patiemment rangé toute la documentation….s'est effondrée…

La documentation du Guppy telle que je l'avais laissée en septembre dernier...

Je sais que je l'avais bien chargée, mais tout de même ! Après analyse, tous les pieds situés d'un côté ont cédé, entrainement un éboulement de plans dans la soute.

Et le résultat samedi dernier...oups...

Défaillance structurale majeure...


La journée à donc consisté en partie a relever toute la documentation…et à la stocker par terre…vu que les étagères sont fichues et que le Guppy va sans doute être amené à faire d'autres petits trajets au cours des semaines à venir…mieux vaut prévenir que guérir ! 

Nouveau rangement temporaire...


Il faut encore repeindre les trois dernières bandes de couleurs, et en dernier peindre l'appareil en gris pour le protéger avant son installation à Aéroscopia, ce qui devrait intervenir cet été.

Guppy au soleil...


Mais rien qu'avec le bleu de refait, l'appareil a déjà bien meilleure allure !

mardi 8 janvier 2013

A deux doigts de la catastrophe

"Mayday Mayday, ici 1038 Victor, nous venons d'avoir de gros dommages structurels en vol, sommes en train de nous préparer à quitter l'appareil"

Nous sommes le 25 septembre 1965, l'histoire se passe quelque part au dessus du désert de Mojave en Californie. Le Super-Guppy (version  NASA, différent de celui de Toulouse ou de Birmingham, qui sont des Super-Guppy Turbine 201) est en vol d'essai. Cela fait presque un mois qu'il subit une intense campagne d'essai depuis son premier vol le 30 août 1965. Ce vol du 25 septembre était d'ailleurs le dernier vol d'essai avant la certification de l'avion : il fallait juste tester le piqué à haute vitesse. Le vol avait bien commencé, mais faillit tourner au cauchemar.

Le piqué commence à 10 000 pieds, et l'appareil arrive à 440km/h lorsque une violente explosion se fait entendre dans le cockpit, avec une forte luminosité. L'avion se met immédiatement à vibrer très sévèrement. Le pilote pense tout de suite qu'il vient de rentrer en collision avec un autre appareil, le pire des scénarios. L'appareil semble vouloir se désintégrer sur place.

Pour un trou, c'est un trou !
En réalité, le nez de l'appareil, situé au dessus du cockpit vient de céder, laissant la place à un trou béant de près de 6 mètres de diamètre, qui n'est pas aérodynamique du tout. Sous l'effet de la brusque pression, les issues de secours et les portes du cockpit ont été arrachées de leurs gonds. L'avenir immédiat de l'appareil semble bien compromis.

Paul Smith et Larry Engle, qui sont en place avant, se ruent sur les commandes moteurs pour les amener au ralenti-vol et diminuer tant que possible la vitesse. Le reste de l'équipage est tout aussi surpris par cette explosion inattendue. Alex Analavage est mécanicien navigant, assisté de John Kinzer, ingénieur d'essai et Ollie Olivier qui est ingénieur système. Ce dernier est dans la soute inférieure avant sous le cockpit, où des instruments de mesure ont été installés. Sous  l'effet de l'explosion, la porte du cockpit a sauté de ses gonds, lui écrasant la cheville au passage.

La réduction de la puissance des moteurs réduit la vitesse rapidement, qui passe en dessous de 240km/h…avant que le buffeting de l'avion ne devienne de plus en plus sévère. L'équipage qui n'est constitué que de vétérans aguerris identifie la situation en un quart de seconde : la vitesse devient trop faible et l'avion va décrocher. Je vous rappelle que le Guppy n'était pas vraiment à l'aise en situation de décrochage. Le risque de perdre l'avion devenait réel.

Larry Engle remet les gaz, et l'avion met de longues secondes à se calmer, avant de remonter vers une vitesse plus raisonnable de 280km/h. L'équipage se prépare à sauter via la trappe de secours située dans le puits du train avant, particularité unique du Super-Guppy NASA, que l'on ne retrouvera pas sur les Super-Guppy Turbine. Malheureusement, toutes les antennes radio ayant été relocalisées sous l'avion, les membres d'équipage risquaient de se faire couper en deux par lesdites antennes…notre équipage était donc pris au piège.

Deux autres vues de l'avant après l'accidents
Pour ne rien arranger, le test de piqué doit s'effectuer avec le poids maximum pour être représentatif. Aerospacelines avait donc "emprunté" 14 tonnes de borate à une compagnie chimique en sacs de 50 kilos. Lorsque le nez à cédé, les pièces métalliques tranchantes comme des rasoirs ont percé de nombreux sacs, et le borate commence à se répandre dans la soute mais aussi dans le cockpit, diminuant nettement la capacité de l'équipage à voir l'extérieur. L'équipage ouvre les fenêtres du cockpit et l'appel d'air permet de vider une bonne partie du borate qui s'était infiltré dans le cockpit.

Ollie Williams, qui ne sait pas encore que sa cheville est brisée, part dans la soute inspecter les dégâts..et n'en revient pas : l'avion est devenu décapotable ou presque ! Il revient dans le cockpit annoncer sa découverte, et aussi pour se protéger, certaines pièces longues d'une bonne vingtaine de centimètres et affutées comme des rasoirs continuant de se détacher du nez et de venir s'empaler sur la paroi arrière…

Devant les dégâts, l'équipage juge la situation désespérée, et se prépare à sauter quand même, malgré le risque de finir coupé en deux par les antennes. Le pilote ne peut même pas tenir le micro devant lui sans se frapper avec tellement l'avion tremble. Et pourtant,  une petite lueur d'espoir se fait jour : les issues de secours ayant sauté, l'air s'évacue au niveau des ailes, équilibrant progressivement le pression interne, et le borate s'envole progressivement, ce qui allège beaucoup l'avion.

L'équipage demande d'urgence une escorte pour inspecter les dommages et par chance un DC-9 venait justement de décoller d' Edwards pour un vol d'essai. Il part rejoindre le Guppy en détresse "manettes au tableau". Arrivé sur place, l'équipage du DC-9 n'en croit pas ses yeux, mais donne la première bonne nouvelle du vol : la queue est intacte, le plan fixe horizontal aussi : toutes les surfaces de vol sont encore intactes. L'équipage prend la décision de rester et de sauver l'avion ! C'est une décision assez risquée malgré tout, car nul ne sait jusqu'où la queue de l'appareil pourra survivre aux terribles vibrations qui agitent l'avion. Si elle se détache, l'appareil deviendra incontrôlable et c'est le crash assuré.

Oh, c'est juste de la tôle !
Avec l'aide du DC-9, le Guppy commence sa descente vers le lac pétrifié qui sert de piste à la base d'Edwards. La descente se fait lentement malgré les terribles vibrations qui continuent de secouer l'appareil. L'équipage ne sort pas les volets, et baisse le train au tout dernier moment, à moins de 15 mètres de la piste ! Le contact avec le sol se fait en douceur, et l'équipage laisse l'appareil rouler jusqu'à ce qu'il s'arrête. Il faut dire qu'avec un lac pétrifié de près de 20 km de long, il y a la place ! L'équipage pousse un grand soupir de soulagement face au silence qui règne désormais à bord. Cela fait 17 minutes que le nez a cédé.

L'appareil est sauvé, donc tout va bien (vu qu'il s'agit là d'un appareil unique). Le nez de l'appareil sera refait en à peine 5 semaines, renforcé et c'est le pilote d'essai de la NASA, Joe Walker, qui fera le vol d'acceptation pour l'agence spatiale. Le Super-Guppy deviendra rapidement indispensable à la NASA jusqu'à son retrait de service à la fin des années 80, faute de pièces. Il est actuellement exposé au "Pima Air and Space Museum" près de Tucson dans l'Arizona.